AINSI EST NÉE L’ANACR
L’ANACR est née de la conjugaison de deux courants :
- la volonté d’union de Résistants issus de mouvements différents
- la nécessité de cette union face aux poursuites engagées contre les Résistants par les collaborateurs amnistiés au début des années 1950.
1945 – Au lendemain de la Libération, dans l’Indre comme ailleurs, de multiples amicales de Maquisards ou de Résistants voient le jour, à caractère
- soit régimentaire , ex : l’Amicale des maquis d’Epermon
- soit local : l’Amicale des maquisards de St-Août
- soit de secteur ex : l’Amicale FFI, Indre-Nord/Vallée du Cher
Certaines ont toujours vie aujourd’hui même si tous leurs membres adhérent à une même association à structure nationale. Quelques fois, elles ont ajouté le sigle de cette association nationale à leur identité initiale. Ex : « L’Amicale des Maquisards d’Ardentes » est devenu un comité ANACR.
Dans le courant de l’année 1945, deux associations se créent dans notre département.
« L’Amicale des Maquisards et Résistants actifs de l’Indre » qui rassemble très majoritairement des camarades issus des M.U.R.(Mouvements Unis de la Résistance), de l’A.S.(Armée Secrète), des comités de Libération et de quelques réseaux, notamment des secteurs de La Châtre et du Blanc. Le Président est le colonel Robert ; Gaston Langlois de La Châtre et Pierre Chanault du Blanc sont les vices-présidents et Jean Grazon, le secrétaire.
Une section départementale de l’Association Nationale des Anciens Francs Tireurs et Partisans Français » fondée à Montreuil-sous-Bois en novembre 1945 qui déclare 173.000 adhérents et présidée par Charles Tillon est créée. Cette section départementale qui a son siège 1, rue du Palais de Justice à Châteauroux et dispose d’un secrétaire général salarié Raymond Romain, rassemble un grand nombre d’anciens FTP (Francs Tireurs et Partisans) et tous les chefs : Esmelin, Piette, Pïrot, Alex, Gillet, etc….
En fait dans l’Indre trois associations se concurrencent :
- L’Amicale FFI Indre-Nord et Vallée du Cher que préside Th. Briand.
- L’Amicale des Maquisards et Résistants actifs
- L’Association des Anciens FTPF.
En 1947, à l’initiative du Colonel Robert (A.S.) et avec le concours du commandant Jules (René Gillet), FTP va naître « La Résistance Unifiée ». Votre serviteur se joindra à eux pour tenter de rassembler sous un même chapeau tous les Résistants notamment, dans un premier temps, A.S et F.T.P. Le département sera sillonné, les responsables d’amicales rencontrés. D’autres camarades participeront activement à cet objectif unitaire. Je citerai Norbert Barbelion, Paulette Gillet, Aimé Esmelin, Gilbert Coulon, Maxime Bonnet. Certes, ce ne fut pas toujours facile, il y eut des réticences, des oppositions notamment à Dun le Poëlier, au Blanc. Mais « La Résistance Unifiée » s’implante solidement, ses effectifs ne cessèrent de progresser. (Soulignons que notre comité ANACR de Vatan portait le nom de « Résistance Unifiée Vatan »).
Une assemblée générale à laquelle étaient invités tous les Résistants du département, largement médiatisée, vit à Châteauroux, la salle Diderot, archi-comble. Les camarades étaient venus de tout le département. Nombre d’entre eux à bicyclette, quelques uns à moto comme Franklin de Poulaines ou Léonard de Crevant. Un bureau départemental fut formé. Présidents d’honneurs : R.Vollet (AS) et R.Despains (FTP) – Président : J.Grazon – Vices-présidents : Th. Briand, G. Pirot, H. Vanier, R. Gillet. Secrétaire : Paulette Gilet Secrétaire-adjoint : L.Esmelin.
Dans les jours qui suivirent et pour endiguer notre succès, une association départementale vit le jour sous la présidence de Gaston Petit., qui au groupe Indre-Est partageait avec Fernand Mignaton le commandement des Milices Patriotiques, chargées d’assurer la sécurité des cantonnements. Elle rassemblera quelques figures de la Résistance et nombre de ceux de la dernière heure mais, comme la rose, ne vivra que l’espace d’un matin.
1952. A son congrès de Villejuif en juillet, l’Association Nationale des Anciens Francs Tireurs et Partisans Français se transforme en « Association Nationale des Anciens Combattants FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et FTPF » toujours présidée par Charles Tillon. « La Résistance Unifiée » de l’Indre adhère à cette nouvelle association qui compte 8.500 cotisants et qui va prendre un certain essor du fait de sa plus large ouverture. Le Colonel Robert sera le premier officier supérieur FFI issu de l’A.S. à adhérer et à entrer au Bureau National. Les secrétaires nationaux sont Pierre Villon et Charles Fournier-Bocquet.
1954 – Au congrès de Limoges où le département sera largement représenté, l’Association des Anciens Combattants FFI et FTPF devient « l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance », l’ANACR. Deux secrétaires généraux sont élus : Charles Fournier-Boquet (FTP) et Robert Vollet (A.S.). Le Président Ch. Tillon fut remplacé plus tard par Jacques Debu-Bridel. Par la suite, la présidence deviendra collective avec René Cerf-Ferrière (Combat), Jacques Debu-Bridel (O.C.M.-Organisation Civile et Militaire- et F.N. –Front National-, membre du CNR, le Conseil National de la Résistance), Jacques Bounin (FFL), ancien commissaire de la République.
Les vice-présidents souligneront également le pluralisme avec l’Abbé Glasbert (Témoignage Chrétien ), Maître André Delmas (FFC, réseau Gallier), Elie Bloncourt (Libération-Nord)
L’ANACR, association pluraliste va, dès lors connaître un essor considérable ; ses effectifs vont croître sans cesse, ils passeront de 9.000 en 1954 à plus de 40.000 membres dans les années 1980 sans compter les amicales affiliées.
Dans l’Indre l’association comptera à son apogée près de 700 cotisants répartis sur 45 comités dont certains très actifs. Citons particulièrement, ceux de Chabris, Neuvy Saint Sépulchre, Saint-Benoît-du-Sault, Bélâbre, Ardentes, Châteauroux, Argenton.
Il faut souligner que dans les années 1950 le réveil des nostalgiques du pétainisme conduisit les Résistants à mieux prendre conscience de la nécessité de s’unir. C’est l’époque où les collaborateurs libérés à la faveur des lois d’amnistie vont engager des poursuites à l’encontre de plus d’un millier d’entre eux..
Il n’est pas inutile de rappeler que dans l’Indre, nombre de Résistants seront poursuivis : Robert Vollet, Robert Monestier, Jean Petit, Gaston Langlois, Théogène Briand entre autre.
Rappelons également que c’est un Résistant, Gaston Couvert qui détient le record de la détention préventive avec plus de 17 années avant de bénéficier d’un non-lieu.
Soulignons enfin que toutes ces poursuites étaient illégales ; les actes de résistance étant considérés comme « faits de guerre » ne pouvaient en conséquence donner suite à des procès.
Au lendemain de la création de l’ANACR, et de toute évidence pas par hasard, le ministre des Anciens Combattants, André Mutter crée la « Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la résistance » avec à sa tête un ancien communiste Guerchon dit Bailly.
Les préfets sont invités à faciliter la formation d’associations départementales. Dans l’Indre elle verra le jour et sera présidée par André Boyer, chiffonnier en gros au Blanc, ancien délégué départemental à la récupération des métaux non ferreux sous Vichy.
Animée par un breton devenu commerçant à Argenton et au passé de résistant très controversé, elle finira dans l’ombre après le décès de son président d’alors Pierre Favreau, avec lequel nous entretenions de bons rapports.
Cette association nationale en constante baisse d’effectif a prononcé sa dissolution le lors de son congrès tenu à Metz le 31 décembre 2005.
Les premiers groupes d’Ami(e)s de la Résistance et rattachés à l’ANACR furent crées en 1970 au congrès de Sallanches.
Aujourd’hui le CAR (Comité d’Action de la Résistance) et l’ANACR devenue depuis 2006 l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance avec encore ses plus de 10.000 adhérents semblent bien être les seuls interlocuteurs crédibles de la Résistance, en dehors bien sûr des associations de déportés ; la 2 ième DB et l’ANCVR ont également prononcé leur dissolution sur le plan national.
De toute évidence dans quelques années, notre combat ne pourra être poursuivi que par l’Association des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance -ANACR. A elle de s’y préparer. Faisons-lui confiance.
Jean GRAZON.